Vécu d’un retour au travail après une dépression

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J’ai fixé un trou noir, puis reculé un peu pour remonter doucement la côte.

Le travail joue un rôle important dans la santé mentale. Il accentue le sentiment d’appartenance, de satisfaction et d’estime de soi. À la suite d’une invalidité pour trouble mental, les chances de retour au travail s’amenuisent avec le temps. La crainte d’être jugé ou d’avoir à expliquer son absence, la culpabilité et la réinsertion sont des enjeux indéniables.

Nous vous proposons ici un entretien avec Michael sur le succès de son retour au travail.


Quand saviez-vous qu’il était temps de retourner au travail?

C’était une combinaison de choses. Je ne m’étais jamais aussi bien porté qu’au cours des dernières années et j’avais suivi les conseils d’un professionnel en santé mentale. La première fois que je pensais reprendre le travail, mon thérapeute m’a recommandé d’attendre encore un peu. Il avait raison. J’ai aussi bénéficié du programme de retour au travail offert par l’assureur de mon organisme.  Nous avons élaboré une marche à suivre pour un retour graduel au travail à temps plein.

Que craigniez-vous le plus du retour au travail?

Je me préoccupais du regard et du jugement des autres.

Comment vous êtes-vous préparé à retourner au travail?

J’ai lu des articles suggérés par mon professionnel de la santé et j’en ai parlé avec des amis proches. Mais j’ai surtout pris la décision de parler avec mes collègues de la raison de mon absence. Je ne voulais pas la passer sous silence; je voulais en discuter.

Qu’est-ce qui vous a le plus aidé dans les premiers jours de travail?

Mon employeur a su montrer son soutien. Il a pris les dispositions nécessaires pour un retour au travail graduel et afin de m’éviter une surcharge.  Nous avons également revu et aménagé mon poste de travail pour qu’il me permette de mieux progresser.

Ce qui a fait une différence c’était de savoir que j’avais une charge de travail déterminée les premiers jours. Comme je n’avais pas encore d’horaire à temps plein, j’ai eu le temps de m’ajuster.

Les brèves pauses que je prenais régulièrement au début m’ont aussi beaucoup aidé. Je marchais, j’allais voir un collègue, je diversifiais mes tâches ou je faisais de brefs appels personnels. Je me donnais le temps de me ressaisir, et les problèmes auparavant insurmontables semblaient maintenant moins intenses.

Pensez-vous qu’un problème invisible à l’œil nu peut être perçu différemment?

Absolument. Les troubles mentaux font malheureusement toujours l’objet de préjugés. C’est pourquoi j’ai décidé d’en parler ouvertement plutôt que de jouer à l’autruche. En instaurant un dialogue, je démentais les rumeurs. Les gens venaient me voir pour me confier leur propre expérience de trouble de santé mentale.

Quel conseil donneriez-vous à quiconque retourne au travail à la suite d’une telle absence?

Parlez-en! Avec un collègue, un ami intime ou un membre de votre famille, parlez de ce que vous vivez. Faites confiance aux professionnels de la santé et acceptez que la dépression est un cas diagnostiqué de maladie mentale. Je me suis laissé aveugler par l’orgueil et j’ai essayé de l’endurer pendant un an. Soyez franc et honnête avec les spécialistes pour qu’ils puissent établir le diagnostic et fournir l’aide dont vous avez besoin.

En quoi la résilience a-t-elle joué un rôle dans votre réintégration à la vie active?

Je reconnais maintenant les signes avant-coureurs, et il y en a beaucoup, notamment quand les choses ordinaires ne m’apportent aucun plaisir ou lorsque j’ai peur d’affronter quelqu’un.

La résilience permet de résoudre un problème avant qu’il ne s’aggrave. C’est un outil à conserver la vie durant. J’ai toujours eu cet outil à portée de la main, mais je l’ai oublié quand j’étais en pleine dépression.

Je me sens enfin libre d’agir. J’ai fixé le coin d’un trou noir, puis reculé un peu pour remonter doucement la côte. J’ai maintenant des choix. Mon univers m’offre plein d’options.

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