Cinq fabulations concernant les troubles de l’alimentation

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Les troubles de l’alimentation maintiennent sournoisement leurs proies sur la voie de l’autodestruction. Par la pratique restrictive de l’anorexie mentale, le cycle de la fringale et du vomissement de la boulimie mentale ou la frénésie alimentaire de l’hyperphagie boulimique, les victimes se prennent au piège de l’autodestruction.

Voici cinq contrevérités qui accompagnent fréquemment les troubles de l’alimentation.

1. Vous maîtrisez la situation

En se pliant aux préceptes des troubles de l’alimentation, les victimes se sentent fortes. Elles croient contrôler leur organisme pour se conformer à des idéaux faussement perçus. Quand elles veulent se soustraire – complètement ou temporairement – aux obsessions entourant l’alimentation, à la suralimentation ou aux vomissements, elles se trouvent impuissantes.

Le poids et l’apparence sont des cibles mobiles pour les personnes souffrantes. Rien n’est satisfaisant : nulle perte de poids, nul exercice, nulle perte de tour de taille. La maladie poussera toujours sa victime à réduire ses portions, à éliminer davantage ou à courir encore plus loin.

Le paradoxe des troubles de l’alimentation provient du fait que les personnes atteintes sont obsédées par la nourriture et leur taille, alors qu’en réalité, elles veulent contrôler leur vie, leur travail, leurs relations et leurs craintes.

2. Vous ne correspondez pas aux stéréotypes

On croit à tort que les troubles de l’alimentation ne touchent que les femmes. Une recherche menée par l’Agence de la santé publique du Canada démontre que pour cinq filles aux prises avec ce dérèglement, il y a un garçon. Les chiffres révèlent également que chez les adolescents et les adultes, il y a un homme qui lutte contre un trouble de l’alimentation pour dix femmes.

Les personnes affectées n’auront pas nécessairement un corps fragile ou maigre. En fait, certaines d’entre elles seront sveltes ou paraîtront saines. Il s’agit d’un problème de comportement, pas seulement d’apparence physique. La fausse conception voulant que ces personnes aient une certaine apparence suscite de la culpabilité, de la honte et du déni. L’entourage ignore souvent qu’il y a un problème.

3. Il est absurde de se laisser envahir par un trouble de l’alimentation

La capacité de lutter contre l’anorexie, la boulimie ou la frénésie alimentaire n’est nullement fonction du quotient intellectuel. À l’instar d’autres maladies potentiellement mortelles, comme le cancer ou le diabète, nul n’est à l’abri de ces troubles, quel que soit son niveau d’intelligence. Pour qu’il soit efficace, le traitement de ces maladies chroniques n’est tributaire de la volonté du patient que s’il a recours à une aide extérieure.

Les troubles de l’alimentation découlent habituellement d’une dysfonction au niveau du mécanisme d’adaptation. La maladie a une incidence négative sur le sentiment d’identité, le sens des valeurs et l’estime de soi. Comme ces troubles ont de profondes répercussions physiologiques, biologiques et émotionnelles, ils représentent un défi complexe difficile à surmonter. Tout traitement efficace nécessite une approche globale et l’intervention de professionnels de la santé, en nutrition et en soins psychiatriques.

4. C’est un trouble passager de l’adolescence

Les troubles de l’alimentation peuvent effectivement se déclencher à l’adolescence. Mais, quelle que soit la période où ils se pointent, les troubles de l’alimentation ne vont pas tout simplement disparaître.

L’anorexie, la boulimie et la frénésie alimentaire ne sont pas des comportements desquels on se débarrasse du revers de la main – parce qu’ils prennent racine. Au fil du temps, les victimes sont de plus en plus habiles à cacher la maladie et à se plier à ses règles.

En fait, les troubles de l’alimentation affichent le taux le plus élevé de mortalité de toutes les maladies mentales.

On prédit que de 10 % à 15 % des personnes aux prises avec l’anorexie en mourront, alors que la boulimie est fatale pour 5 % de ses victimes. Selon le Comité permanent de la condition féminine de la Chambre des communes, de 1 000 à 1 500 Canadiens mourront chaque année des suites d’un trouble de l’alimentation. Ces chiffres sont fort probablement plus élevés, parce que les certificats de décès n’indiquent pas toujours un trouble de l’alimentation comme cause principale du décès.

5. Vous voyez mieux que quiconque

Les parties de l’anatomie sur lesquelles sont obsédées les personnes souffrant d’un trouble de l’alimentation se révèlent inacceptables à leurs yeux et passent inaperçues pour autrui. Leur lorgnette est difforme. Elles sont touchées par une forme de dysmorphie corporelle présentant une fausse image.


Solution appropriée

Les troubles de l’alimentation transforment en un effort douloureux l’enthousiasme normalement lié à une alimentation saine. Maladies insidieuses, elles cherchent à isoler et détruire leurs victimes.

Si vous êtes ou connaissez quelqu’un qui souffre d’un trouble de l’alimentation, sachez que vous n’êtes pas seul. Vous pouvez obtenir de l’aide et du soutien.

La première étape consiste à obtenir le plus de renseignements possible sur la maladie, surtout si celle-ci affecte un proche. Cliquez sur les liens du présent article pour trouver des suggestions et des ressources. Si vous pensez devenir obsédé par vos propres habitudes alimentaires, n’hésitez pas à consulter un psychologue ou tout autre professionnel à qui vous faites confiance pour discuter de vos préoccupations.

Il est toujours possible de démasquer les fabulations concernant les troubles de l’alimentation.

Sources

En français ou dans les deux langues :

https://www.something-fishy.org/whatarethey/exercise-f.php

https://www.cmha.ca/fr/sante-mentale/comprendre-la-maladie-mentale/les-troubles-de-l%e2%80%99alimentation/

https://canadiensensante.gc.ca/publications/healthy-living-vie-saine/mental-health-teen-eating-disorders-sante-mentale-jeunes-troubles-alimentation/index-fra.php?_ga=1.235582856.845581014.1449066545

https://www.parl.gc.ca/content/hoc/Committee/412/FEWO/Reports/RP6772133/feworp04/feworp04-f.pdf

En anglais seulement :

https://www.mayoclinic.org/diseases-conditions/anorexia/home/ovc-20179508

https://www.mayoclinic.org/diseases-conditions/bulimia/home/ovc-20179821

https://www.mayoclinic.org/diseases-conditions/binge-eating-disorder/home/ovc-20182926

https://nedic.ca/know-facts/statistics

https://nied.ca/wp-content/uploads/2015/03/Nied_brochure_colour_new.pdf

https://www.mayoclinic.org/diseases-conditions/body-dysmorphic-disorder/basics/definition/con-20029953

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