Quand la peur prend le dessus

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Le premier patient d’Ebola aux États-Unis est mort. Cette maladie, qui semblait sévir dans un continent éloigné, se répandra-t-elle aussi en Amérique du Nord? Doit-on craindre le pire?

Les campagnes de peur répondront sans doute dans l’affirmative : le nouveau début de la fin, comme au tournant du millénaire, l’annonce d’une défaillance informatique de grande envergure et le calendrier maya augurant la fin du monde.

Cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas confrontés à une situation grave. C’est une situation susceptible d’avoir des répercussions sur de nombreux pays. Pendant que l’Organisation mondiale de la Santé et les experts en contrôle des maladies transmissibles travaillent à trouver une solution, voyons comment fonctionne le concept de la peur et ce que nous pouvons faire pour la contrôler lorsque nous sommes confrontés à une situation exceptionnelle.

C’est souvent une « fausse idée apparaissant réelle » qui suscite la peur. Notre imagination (et les médias) peut nous convaincre qu’une chose terrible est imminente, même si rien ne prouve qu’un tel danger subsiste. Pensez aux longues insomnies déclenchées par les pires conséquences imaginables, se traduisant parfois même par la perspective d’un désastre, d’un échec, d’un danger ou d’une humiliation. Combien de fois ces cauchemars se transposent-ils dans la réalité?

Le National Institute of Mental Health des États-Unis révèle que l’objet de nos angoisses ne se produit jamais et se révèle inutile dans près de 90 % des cas. Les émotions ressenties ne reflètent pas la réalité. Elles sont propres à la rationalité humaine. La fatigue, le stress et l’incertitude entraînent une peur qui prend facilement le dessus si l’on ne la contrôle pas.

La plupart des choses que nous craignons n’arrivent jamais. Elles se construisent par l’entremise d’un flux d’émotions. Si la peur est fondée, la situation réelle n’est jamais aussi douloureuse ou grave qu’on l’aurait cru. L’inquiétude s’avère souvent une perte de temps et d’énergie.

Tout cela est bien évidemment facile à dire. Mais à force de se rappeler que les peurs qui nous envahissent tout au long de notre vie ne reflètent pas nécessairement la réalité, on tend à soustraire graduellement ce sentiment de nos pensées et à s’en libérer.

Il est parfois utile de se confier quand on n’arrive pas à se convaincre du caractère irrationnel de la peur. Choisissez soigneusement la personne avec qui vous partagez vos craintes. Un proche qui n’est pas enclin au jugement, un professionnel ou un conseiller neutre peuvent vous aider à voir les choses autrement et à vous ramener à une perspective plus réaliste. L’éducation est un autre excellent moyen de distinguer les faits de la fiction. Faites-vous un devoir de ne compter que sur des sources fiables – surtout en ce qui a trait à des situations inhabituelles – et sur le gros bon sens.

L’inquiétude est un mince filet qui se tisse dans les méandres de l’esprit. Si on le laisse se resserrer, il endigue le flot des autres idées.
– Arthur Somers Roche

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